Il est parfois difficile de faire la différence entre confiance en soi et besoin de prouver sa valeur. À première vue, une personne peut sembler très sûre d’elle : toujours efficace, toujours présente, toujours en train d’aider les autres ou de réussir brillamment. Mais derrière cette façade de contrôle se cache souvent une fragilité silencieuse — celle de ne pas se sentir assez bien si l’on ne fait pas toujours plus. Ce mécanisme est courant chez celles et ceux qui, au fond, doutent de leur valeur et tentent de la compenser par des résultats ou par une approbation constante.
Dans certains cas, ce besoin d’être aimé, validé ou remarqué pousse les gens vers des comportements où ils recherchent des formes de reconnaissance immédiate, sans risque émotionnel réel. Par exemple, le recours aux escorts peut refléter ce désir de sentir qu’on compte pour quelqu’un, même temporairement, même sans engagement sincère. Ce n’est pas tant une question de plaisir que de contrôle : savoir que l’on va être vu, entendu, apprécié — sans devoir mériter quoi que ce soit, sans le stress de plaire. Ce type de démarche met en lumière la blessure intérieure : un doute profond sur la valeur personnelle en dehors de toute performance ou validation extérieure.

L’illusion de la réussite comme preuve d’estime
Les personnes qui enchaînent les projets, les performances, les succès professionnels ou personnels, peuvent donner l’image d’une force intérieure impressionnante. Mais cette réussite peut cacher un besoin désespéré d’approbation. Tant que tout va bien, l’identité tient. Mais dès que le rythme ralentit, ou qu’un échec surgit, tout vacille. Car si l’estime de soi est uniquement liée à ce que l’on produit, alors elle devient fragile, instable, dépendante de circonstances extérieures.
Le piège ici, c’est que la société valorise fortement la performance. On applaudit ceux qui en font plus, qui ne s’arrêtent jamais, qui disent « oui » à tout. Mais à force de courir après la perfection, on s’épuise. Et surtout, on perd le lien avec ce que l’on ressent vraiment. Il ne s’agit plus d’agir par désir ou conviction, mais par peur de décevoir, de ne plus être aimé, de devenir invisible.
Le besoin de plaire : entre gentillesse et oubli de soi
Derrière le people-pleasing — ce besoin constant de faire plaisir, d’éviter les conflits, de tout faire pour que l’autre soit bien — se cache souvent une peur viscérale du rejet. On veut être aimé à tout prix, quitte à s’effacer, à ne plus dire ce qu’on pense vraiment, à mettre les besoins des autres en priorité constante. Cela peut sembler noble, voire altruiste. Mais lorsqu’il devient un mode de fonctionnement, ce comportement détruit l’estime personnelle.
À force de dire oui pour ne pas déplaire, on perd le sens du non. On oublie ses limites, ses envies, son rythme. Et paradoxalement, on finit par s’éloigner de l’amour authentique. Car plaire ne veut pas dire être aimé pour ce que l’on est, mais pour ce que l’on donne ou reflète. C’est une forme de dépendance affective déguisée, où l’on croit que notre présence n’a de valeur que si elle est utile, douce ou parfaite.
Revenir à une valeur intérieure inconditionnelle
La clé pour sortir de ces schémas n’est pas de cesser totalement d’agir ou d’aider. C’est de réapprendre à le faire en partant de soi. Ai-je envie de dire oui, ou est-ce que je le fais pour ne pas être mal vu ? Suis-je en train de me dépasser avec joie, ou de me prouver que j’existe à travers le regard des autres ? Ces questions simples sont puissantes.
Reconstruire une estime solide demande du temps et de la patience. Cela passe par l’acceptation de l’imperfection, l’écoute de ses besoins réels, et l’apprentissage du silence intérieur. Car la vraie valeur ne se prouve pas : elle se reconnaît. Et lorsqu’on commence à s’aimer même sans réussir ou plaire à tout prix, c’est là que l’on redevient libre.